jeudi 16 avril 2015










De cette semaine qui bientôt s’achève restent en moi des images de personnes croisées. Plus ou moins longuement, plus ou moins nettement. Des gens. Des hommes, des femmes, des enfants. Des inconnus et des très proches.
Cette femme à l’hôpital avec son mari. Cette vieille femme perfusée qui psalmodiait « je me sens mal, mais je te dis que je me sens mal ». Et lui qui répondait « mais arrête de dire ça, mais arrête donc ! ». L’un et l’autre terrorisés par la maladie, l’inconnu, l’humiliation pour elle d’être dans ce couloir à attendre devant les toilettes qu’enfin ses intestins se libèrent. On sait tout des autres à l’hôpital. Face à leurs solitudes respectives. Lui incapable de consoler. Elle la nausée au bord des lèvres, quêtant comme une enfant la chaleur d’une main qui l’apaiserait. Un peu.
Et dans cette chambre ouverte, ce fauteuil vide à contre-jour de la lumière bleue, filtrée par la vitre opaque. Ce trait de lumière courant sur le sol pour venir lécher le fauteuil. La beauté et la misère du monde. Le contraste de la vie.

De ce mercredi sur les bords de la Loire, la félicité. Celle de l’enfance, qui se moque de ce qui se fait, et ne se fait pas. La sensualité du sable chaud sur lequel on marche d’abord. Et puis la vase qui se glisse mollement entre les orteils. L’eau rafraîchissante sous cette lumière si aveuglante qu’elle coupe les lignes comme celle de Hyères l’été. Les trésors d’insectes et de cailloux polis,la boue encore un peu, parce que ce n’est encore que le printemps, qu’on ne s’y trompe pas. Et les concombres chauds du pique-nique qui se renversent dans l’herbe parce que la course était trop folle.  

De ce bar de la fontaine le gargouillis de l’eau. Ce n’est pas en vain qu’il s’appelle le bar de la fontaine. Et cette vieille dame bien mise, mise en pli et jupe plissée, qui pleine d’allant commande un café. Dépose sur la tasse son rouge à lèvres fuchsia en trois gorgées. Et se repart continuer son shopping. A peine le temps d’une apparition. Je l’ai vu s’éloigner droite et digne, pas une mèche de son brushing ne vacillant.


Qui sera là demain ?

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